vendredi 18 décembre 2009

tuesday december 14th - frida

C'EST LA JOURNÉE PHOTOS
en grande pompe, les Vraoums défilent dans le Watermill Center
- autour d'une icône en pierre, elles invoquent les puissances de l'amour, les divinités show-off
- parmi les grands arbres dans la lumière rasante, elles posent pour des magazines de rock dans un vent coupant
- dans l'atelier de bricolage, elles rêvent de décors grandioses, de couchers de soleil géants, de skylines mordorées, de cosntructions minimales
- sur le lit de Bob, elles se croient à San Francisco dans les années 70, lascives et baignées de soleil
- perdues dans une forêt de statues, elles ont faim et froid

Après un déjeuner tardif qui les réconcilie avec la journée, les Vraoums se lancent dans une répétition de chansons de mort polyphoniques, en parallèle d'un déroulage d'écran en paravents de papier.
Et des danses folkloriques aux noms multi-nationaux prennent place en cercle autour de David, grande prêtresse de la musique-qui-fait-bouger-les-foules.

Comme un couronnement, on leur offre un "Hummingbird", un gâteau ananas-pomme-banane double couche au glaçage creamcheese bien américain surmonté encore d'ananas séchés au four, et en potlatch, les Vraoums ont fabriqué, de leurs petites mains besogneuses, des compilations étincelantes de chansons françaises.
Prosecco, chanson d'anniversaire, danse endiablée sur des standards d'ici et d'ailleurs... Enfin, elles rentrent, tard dans la nuit et se glissent dans leurs lits douillets après une dernière discussion autour de prénoms qui se portent bien ou pas, c'est selon.

sunday december 13th - cap'tain

saturday december 12th - claude

Le soleil pique en diagonale sur le tapis noir, Cap'tain s'allonge, les trois autres on observe par les mains, comment ce qui est allongé là est fabriqué, un os, un organe, un tendon, quelques douleurs en sus, observation scrupuleuse, détachée, passive, intriguée, détendue, détaillée, oisive, David s'allonge, poursuite de l'intrigue, puis Frida puis moi, Claude.
Du son sort de nos bouches respectives, on l'informe, tasty sound, ça sens, migration des unes vers les autres, glissement guttural.
a-rituel du footing en acte synthésique. Fin de l'échauffement.
Répétition des chansons de la mort. On y met du coeur.
On cherche les Indiens, entre incantation, folklore, beat électro, chanson hors texte, on tente le grow-up et les here and there, on est dans une barque et on rame, avec des manches en bois, très beau parfois mais pas très manipulable. Après quelques petits tas vocaux, on dégage l'espace.
Les wakka wakka ont des invités, la grande table de la salle à manger s'anime. Cette table : impressionnante. Large diamètre. Large diamètre.
On demande aux wakka wakka de soumettre leur opinion quand au son de notre espace, quand on y songue avec micro et sans micro. Enthousiasme américains et/ou retour frais et franc, nous on aime ça. On teste une nouvelle chanson.
La nuit tombe, c'est le moment pour jouer le dit film d'horreur, dans le salon de la maison. Une partition, un scénario. Se mettre d'accord. Il y a de l'ustensile. La pluie, le moteur, le chien, l'ombre, c'est comment, chacun fouille des sons, balbutiement. Ca se termine avec bière et chips à la moutarde de dijon.

friday december 11th - david

Cé moi et Alyson

Normalement je dois parlé de Vendredi.
Mais ici à Ouatermille, tous les jours se suivent et se ressemblent.
Alors à part que Vendredi, Cap'tain a donné le training et qu'on a fait des tours de stade en doudoune, et sauté à pieds joint, eh bien moi, je ne me souviens de rien.
Ah si à un moment, on a mâché un schewing gum magique et imaginaire. Et c'est marrant parce qu'alors je remarque que très souvent avec magique, imaginaire est très souvent associé.
Ici à Ouatermille, l'esprit des bois m'emprunte souvent, euh je suis emprunt de l'esprit des bois, c'est rapport à mon Karma et aux cimetières indiens sur lesquels notre maison est construite. Alors toutes les nuits, je sors pour me demander pardon aux ancêtres sacrés. On voit très souvent des biches qui traversent les routes en quelques bonds grâcieux. Mes potes chasseurs m'ont proposé de faire une sortie mais j'avais oublié mon arbalète à Paris et puis j'ai prêté mon arc à Bob qui ne me l'a pas rendu, avec ma toque en fourrure alors j'ai pas voulu parce que les rames à feu cé pas mon dada, cé trop facile. Et puis quand Bambi apparaît avec toute sa famille, ben mon coeur m'interdit de tiré et je me sens tout petit rapport à toute cette beauté dont la terre a été généreuse et que nous on fé rien que tout cassé et alors je peux pas signer le chèque de caution, ça fé trop mal.
On travaille des chansons sur la mort. Cété mon idée.
Mé là, ça me fé comme lundi, jé pas d'idée. Je suis dans une super mauvaise passe en ce moment, un peu comme mon copain Johnny, - qui é aussi comme mon frère de sang, on n'a quasiment tété tous les deux le même biberon, on né un peu les romulus et remus de la chanson française jé envie de dire - mé cé un peu différent parce que moi la mauvaise passe cé au niveau de la créativité.
Oué, je pense que cé important que d'avoué que nous aussi on peut être faible. On é fragile. D'ailleurs qui diré que quelque part, jé une sensibilité tré féminine.... Eh oué...
Avec Lucinda, sé définitivement fini, elle arrivé pas à me suivre, par contre avec Alyson, cé sérieux, jé même envie de dire cé une question de feeling... Dé fois, je pense à m'installé, j'hésite entre le connecticut e le névada... Je pense à arrété cette vie de patachon et puis je pense à vous et je me dis que ce que je fé à un sens.
Merci.

Allé je vous fé un gros bibi, une bique quisse, comme disent les amériendiens, et surtout Akouna Matata.
Passé un bon week end, votre tré dévoué David...

mercredi 16 décembre 2009

thursday december 10th - frida

7 minutes
Assise en tailleur, les mains posées entrouvertes là où elles peuvent, les yeux fermés, douleur dans le psoas surtout le gauche, gorge nouée, penchée en avant, la tête tombe, tentative de concentration sur la respiration, le nez, dedans, dehors, le milieu du dos en tension, les hanches en tension, la gorge aussi, le corps vrillé, les hanches à gauche, les épaules à droite, le dos opère par saccades pour se redresser, petits coups par petits coups, bientôt tomber en arrière, à la renverse, ça ne s'arrête pas, yeux entrouverts pour stabilisation, resituer le sol et le tapis, l'axe général du corps, les saccades ne s'arrêtent pas, les mains en soutien derrière pour ne pas tomber
et le signal se met en marche

David, prise par l'atmosphère sereine et la new-agitude qui émanent du building esthétique de Bob, a préparé une mise-en-bouche zen
On médite
On tourne la tête à droite et à gauche
On libère les hanches
On mmmh
Le tout pas trop vite

David toujours, inspirée cette fois par l'intense agitation créatrice qui nous anime, lance un exercice de rapidité
20 minutes pour composer une musique
Passe à ta voisine de gauche
20 minutes pour écrire des paroles sur la musique
Boum
Ca nous prend le reste de la journée, c'est important de ne pas presser le temps
Et ça donne
Des chansons d'amour et de mort avec :
- une séparation tragique
- un western
- un récit d'agonie
- une lamentation funéraire

Pour délasser la journée, visite de Bridgehampton et de son bar "wine&tapas" pas très couleur locale, mais faute de grives, on mange des merles.
Et puis à l'américaine, des courses au King Kullen, le magasin préféré des Vraoums, dans la nuit, efficacité à la clé, les carnivores David et Cap'tain entassent des monceaux de viande crue dans le caddie, alors que les packs de bières s'empilent en prévision de la grande fiesta de dimanche soir avec les roommates de résidences, les suggestivement nommés Wakka Wakka.

Surtout aujourd'hui une décision ferme : on va faire des nouvelles chansons.

wednesday december 9th - cap'tain

Watermill

Nous avons traîné il me semble ce matin-là.
La lumière est forte dans l'atelier et je ne me débarrasse pas des deux taches noires sous mes paupières lorsque je cligne des yeux.
J'ai entendu David qui riait en face d'un ordinateur, qui s'exclamait casque sur les oreilles des "noon" et des "ah ouais". Son langage intime je me suis dit moi capt'ain. Il est midi et la journée s'est déjà répandue. Il faut faire quelque chose. Je procrastine encore sur l'ordinateur, je n'y ai pas de langage intime. Il faut faire quelque chose, mais quoi?
Un film d'horreur.
Ouais c'est bon ça. Et puis nous sommes à Long Island, Amityville n'est pas si loin. Amityville 1, 2, 3, 4. Vous connaissez ? Moi non plus mais je lis le résumé wikipédé :
"L’affaire d'Amityville est un ensemble d'événements survenus entre 1974 et 1976 et ayant pour théâtre une demeure située au 112 Ocean Avenue, dans la petite ville côtière d'Amityville, sur Long Island, au nord de New York, États-Unis. Dans la nuit du jeudi 14 novembre 1974, Ronald Junior, fils aîné de la famille DeFeo, y assassina au fusil ses parents et ses frères et sœurs pendant leur sommeil.
Suite au rachat de la maison en 1975 par une autre famille, les Lutz, le lieu et son histoire tragique furent l'objet de nombreuses spéculations et assertions d'ordre paranormal (quant à des phénomènes de hantise, de possession démoniaque). Cette partie de l'affaire, postérieure aux faits, inspira une série de livres et de films d'horreur américains. Le premier de ceux-ci, le livre Amityville : La maison du diable[1] de Jay Anson, fut très tôt critiqué quant à ses motivations, son prétendu sérieux et son style sensationnaliste."

Les quatre épisodes de 1970 à 2006 suivront le même scénario. Nous en ferons un autre.
"Par skype why not ?" a dit David qui semble enteriné dans ce langage depuis ce matin où en face de l'ordinateur il s'exclamait des "noon" et des "ah ouais".
Le résultat un bon cadavre exquis pour coin du feu 2009, un mélange de frousse de carton et d'histoires de cul.
Nous décidons d'en faire la bande sonore. Le crépitement du feu est fait du froissement de l'emballage doré du chocolat englouti à midi. L'asthme du seul personnage masculin, Jon, s'illustre par l'accordéon de Claude.
Le froid arrive à Long Island.
suite du Wikipédé sur Amityville, dans le cas où vous en voudriez plus, ce que moi Capt'ain je comprends car j'aime les histoires de maison :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_d%27Amityville

tuesday december 8th - claude

The sun shines. Chiner. I brush my tongue. My english tongue. Chiner. Les vapeurs de Lumière d'août se mélangent au café. On est là, ce matin, inondées. Chiner. De la biche sur la route. Chiner. Cela parce que le sun shines. Pas de chiens aucun aboiement dans la campagne. Les biches, je les prends pour un troupeau de chèvres poursuivi (par fonction) par un chien, dans le noir. Ici il n'y a pas de chien. Chiner. La porte d'entrée est dissimulée par un mur de brique. Bonjour. Traverser le couloir. Musique. Aucun aboiement, aucun crissement de porte, de chaise, de chair. Silence. Eternuement. Chien. Rien. La galerie. Portrait. Face to face. Bonjour. Rapide.
Chien. Musique. Silence dans la salle. Je l'entends le vol, bas, massif. Les birds. Silence. Les birds. En vol, sans aile parfaitement aligné comme un tableau traitant de composition. Composition. Chien. Visage. Face to face.
Je propose : "et maintenant la new folk dance"
Hand in the hand. Par en dessous. Par en dessous aussi neil young avec son guitare solo trois. Main dans la main. Main dans la main. A gauche à droite. Vol. Saisir. Au vol. Give up, in the middle. By the middle. Cela se fait. Ca vient. Through the middle. Quand Les soeurs Goadec arrivent, on a déjà les jambes en bretagne. On flirte avec les tours. Vol. Taking it. Take it. On prend. On balance. Helena Frolova...C'est sûr on plie les genoux... Laurie Anderson... face à face... Souad Massi... les bras branlant... The Book... La terre basse... Les Various artistes des Inuits game... La porte automatique s'ouvre... Ragatime... On est dehors... Le sang a chauffé, l'air aussi.
Silence relatif. Calme. Préparation des sketches autour de la Fameuse Mireille et de son best seller "how french woman don't get fat".
Frida et son kitchen tv show, en musique, avec la fameuse recette du poulet au champagne bien connu de tous les habitants de la creuse mais certainement beaucoup plus pratiquée en Ardennes que partout ailleurs. On aime les sourires glacés de Frida. C'est bon. Captaine. Joue avec la porte automatique, prend sa fausse guitare et entonne un lyrique song d'ode à l'amour française de la française qui perdant son amour perd aussi sa nationalité. Malheur en la demeure. Cri. Détresse. Amour. Guitare sèche, sans corde. C'est beau. Moi, je fais une leçon complètement foireuse, en anglais, je persiste, malgré les conseils de mes amies. La française à la petite bouche, tous nos voisins américains ou autres d'ailleurs imitent d'un commun accord l'accent français en rapprochant fortement toutes lèvres de bouche en la forme de petit cul. Avantage et histoire en quelques mots, arguments pour un "how french woman don't get fat". David. Suave, allongé dans le vent glacé (c'est son truc) de watermill, outside, son public est inside. Chante. Chante les instructions de mireille. Et rap mireille. Mireille. "How french woman don't get fat". Instruction.Yes.Yo Respirer. Se tenir. Yo.Yo. Se tenir. That's it !
Talk. Why. Aim. You could. It would be better if. I would prefer to. What do you think about. MMMM. Ok. I Hear. Yes. Yes. But. Ah.

Talk. Cap'tain et Constance s'en vont. Talk. Draw. Un tour de la galerie de bw.

monday december 7th - david

C'est vré que si l'amour cé regardé ensemble dans la même direction eh bien en ce moment, Lucinda et moi, cé pas trop ça...
Mé jé aussi rencontré Alyson des Waka-Waka et je la trouve charmante et tré sympathique....


Coucou cé David dé Vraoums !

Aujourd'hui, cé lundi et on a repris le travail.
Ce matin, on é arrivé et on a fé un peu d'internet pour resté en contact avec nos proches qui sont loin de nous rapport à la situation géographique dans laquelle nous nous trouvons.
Ensuite on sé échauffé au micro, cété pour s'entrainé au micro en s'échauffant la voix. On chanté ou parlé une Vraoum après l'autre. La thématique sé rapidement orienté autour d'un film d'horreur à longue Haïlande où une fille se fesé violé par une biche qui été son fiancé et au final c'été très minimal et ça fesé pas trop peur. Après on a improvisé avec les instruments mé là je sauré pas parlé des thèmes.
Ensuite on a mangé la purée de pané que Claude elle a cuisiné. Cété pas mauvé.
L'après-midi, on a lu des passages de Mireille: "Oauille freinche oumane donte guette fatte" et jé appris que cé parce qu'elle lève le menton quand elle marche. Ben falé y pensé.
On é sensé travaillé sur des sketchs mé jé pas d'idée à part levé le menton.
Pour le blog jé du faire des photos de chaise.
Quand je suis redescendu dans le studio les filles fesé une super impro chant d'Indien, ça m'a rappelé mes années de chanteur engagé, quand je croyé que je pouvé sauvé le monde et aussi les Indiens. Maintenant je crois plus, n'empêche jé improvisé une danse de la pluie pas piqué des hannetons-jé rien perdu de mé capacités... - cété super tellurique et enflammé même que des oies sauvages se sont envolées et je pouvé lire dans leur vol dans le ciel que les hospices étaient favorables, tellement jété connecté avec mon environnement dans lequel je me trouvé.
Apré on é rentré.
On a descendu quelques canettes, euh cannettes, avec Cap'tain en refaisant le monde et accessoirement la vaisselle.

Quisse

David

mardi 8 décembre 2009

saturday december 5th - frida

the Frida says :
I love to ride the subway
In New-York City
À toutes les heures du jour
Et de la nuit

J train from Myrtle
Uptown or Downtown
To Queens and the Bronx
1-2-3, change at Washington Square

la Free-Da dit :
Les histoires naturelles du samedi après-midi
Un orignal au soleil couchant
Regarder les oiseaux en rang
Plumes d'Indiens
Oursins
That's what we do here, in New-York City


Après leur bacon sur des oeufs sur des pancakes
Claude, David, Frida, Cap'tain marchent sous la pluie, sans trêve
Elles atteindront leur but
Le Brooklyn Bridge les attend, les appelle, là-bas, sous les nuages sous le brouillard
Capt'ain gambade, achète des chaussons, veut manger des pastrami sandwiches
David garde la classe, constant et au sec dans ses boottes fourrées, une bière brune à la main
Green Claude aime la culture, la culture chorégraphique des églises, sous son grand manteau de pluie, elle joue le camouflage
Frida la Frida se laisse emporter, jusqu'aux salles immenses et labyrintiques du Natural History Museum, où elle se perd dans la foule

La pluie all day long
De station en station, de supermarché en fast food de classe A
Le long du pont

Dans le temple de la moquette, Frida et Claude, Cap'tain et David se mettent à couvert avec la communauté des danseurs
Et elles voient :
- une danse-film d'horreur sur demi-pointes, levers de jambes et hurlements gays
- un duo dont elles se seraient bien passées (notons simplement l'asiat girl dans son tube en carton)
- le Messiah de la funk sur pieds de bouc chantant son prochain tube haletant
- une interview masquée à propos de Cendrillon et d'oeufs Kinder performatifs
- un solo de Kurt Cobain hystérique sur sacs plastiques vantant les mérites d'une marque de sous-vêtements plaisant beaucoup à certaines

Enfin
Les Vraoums rentrent dans leur résidence cosy de Long Island - le Long Island Rail Road les ramène de Jamaica Station à Southampton, en pleine nuit, et leur truck les attend à la gare pour les driver tout en douceur vers leurs luxueuses bedrooms, chaudes et personnelles

La journée a été longue
: says Frida the La

friday december 4th - cap'tain

Capt'ain parle :

Il faut quitter la Point East, quitter le bout du bout de Long Island et son confort "Jingle bells" pour New-York City . Nous jouerons ce soir à Brooklyn. Nulle ne sait où nous dormirons. C'est gonflé mais nous nous sommes vite habituées à la souplesse de nos draps, à notre jardinet taillé à ces six cyprés cubiques, notre frigidaire géant et à la collection de chaises de Bob W. Nous n'osons nous le dire vraiment mais chacune est tentée par cette vie de douceur et, étrangement, New-York City ce matin-là n'est plus extraordinnaire. Pourtant. Je sens la flemme des jours de spectacle monter. Celle où on aimerait déjà être le lendemain pour penser à autre chose. Frida bizarrement se dit anxieuse, cela ne lui ressemble pas. Chacune prend sa dose d'internet, et ça traîne salement sur son écran dans le studio de Watermill. Je suis la dernière à le quitter comme à mon habitude. D'ailleurs ce matin-là je ne sais plus le quitter, je préfère penser que chacune comme moi n'a pas envie de répéter. Lorsque je lève enfin le cul de ma chaise Frank Lloyd Wright pour rejoindre le groupe, mon désoeuvrement est à son comble : Claude est à 4 pattes, couine et tire sa langue, David souffle et Frida râle, tout ça sur un tapis de yoga. Toujours je fais semblant d'oublier que les Vraoums s'échauffent toujours avant quoi que ce soit. Je vais fumer une cigarette au soleil comme seul exercice de détente. Je refuse de faire la gueule parce que je ne suis pas danseuse, répétition heureuse, la flemme a disparu.
Dans la voiture je sens mon herpès se gonfler, nous avions décollé mais un retour à la maison s'impose pour mon zovirax. Je bougonne cette fois à cause de l'herpès, avoir un herpès à New-York c'est minable.

Nous garons le Truck en face du quai de Southampton station. 4 billets aller-retour pour la Long Island Rail Road sont dans nos poches.

Jamaica Station, ce nom de reggae, est la station où nous nous arrêterons pour rejoindre Myrtle Avenue. Un arrêt avant se fait à Babylone et Cypress Hill. Brooklyn, les visages sont noirs, les corps s'épaississent, nous avons quitté la Point East. J'ai envie d'appeler les autres "sista". Il est 18h et j'ai faim, j'ai tout le temps faim aux USA. Il y a deux jours j'ai rêvé que les filles me disaient que mon intégration américaine commençait à se voir au niveau des hanches, ça m'a fait rire. En parlant de ça, au carrefour de Myrtle, sous son dédale magnifique d'escaliers de fer qui mènent au métro, David me souffle "mmmh duuunkn donuts"-je rétorque "Wow Popeye Chicken Louisiana"-Frida suis - et puis Claude "petits fruits secs-petits fruits ?".
Je rentre chez les gros de Popeye Chicken et je suis en extase, me pâme à la lecture du mot "cajun fries" et vacille lorsque petit gros noir mets dans mon paquet 4 pilons de poulet panés arrosés de frite. Mon coca est light pour rigoler.
On galope dans la Jefferson Avenue, David dit que son sandwich finalement sent le vomi, je le mords et confirme, c'est du parmesan.
On galope parce que nous avons meeting avec les 22 "movers" qui joueront ce même soir à RPPP. Ce soir-là à RPPP (que nous appellerons entre nous "le Loft de Lili").
Jmy from Cisco d'entrée fait la gueule quand je lui dis que mes pilons de poulets ne sont pas dans mon sac pour être partagés au "free bar" mais que je cherche plutôt un endroit pénard pour les avaler en feuge. À la "free boutique" je remarque, sagace, une paire de de souliers qui m'iraient à ravir, ce qui me permets moi d'échapper à la moue de déception collectiviste du cerbère de la côte Ouest et aux autres de se glisser dans la salle principale sans aucune autre remontrance vis-à-vis de nos mains vides lors d'une soirée "free donation". En attendant, nous serons ce soir-là nous-même des "free movers", nous n'aurons pas un kopeck, seulement la joie de faire les marioles sur scène à Brooklyn. FAIR ENOUGH.
Nous ne sommes pas 22 il me semble mais 120, il y a du monde partout et c'est Fame qui commence. OUh-Ah-ah-Cha cha, ya que des danseurs je me dis pour la deuxième fois de la journée. Sauf une vieille babolos qui se dit être là pour "soutenir la communauté", tout le monde est jeune et s'étire comme des chats, il y en a qui me pirouette presque sur le genou, j'ai vu un type avec un bandeau d'éponge-sueur sur le front et une black-is-beautiful en fuseau léopard qui se jettait par terre en jambière fuschia. New-York et moi qui ai peur pour mes pilons qui refroidissent.
Dans un réduit à l'arrière du Loft de Lili nous cherchons un ampli au milieu d'une quinzaine de vélos. J'avale les trucs du paquet en regardant les vélos, les frites et tout, Frida se marre, et Lili stresse parce que c'est elle qui nous a invité, mais pour l'instant on a pas de son. Je suis complétement détendue, je ne me sens pas réveillée, nous aurons du son je le sais. Nous participons comme il se doit au meeting de 19h, les Vraoums parlent à voix haute de leurs besoins logistiques, nous nous faisons rire énormément, mais les autres, les 120 autres movers, eux non pas du tout, je mets ça sur le compte de l'accent et me dit que pour ce soir, c'est pas gagné. Il est huit heures le spectacle commence et c'est un scandale : deux nanas déguisées en Walkyries de chez Zara essaient un contact avec les yeux, avec ou sans musique jazzy je ne sais plus bien mais vu le bordel que c'est chez Lili, who cares. Je me tire de là et jette un oeil bienveillant à l'installation de Madeline Best dont j'aime tant le nom. C'est beau comme tout, elle dort sous une mandarine tranxène dans un coeur de paillettes genre "le sommeil de la slap dancer". Je regarde comment elle a bricolé son affaire, je sais d'elle qu'elle est scénographe et qu'elle est née en South Carolina. Un type fait un play-back de 30 minutes et surtout gêne l'accès aux toilettes.
Marie de France est là avec des copines pour nous ce soir. Elle se présente comme cela : "je serais la fan qui vous aurait suivi même jusqu'à New-York".
Nous aurons la chambre de Jim pour loges. Les petits fruits secs de Claude se sont répandus dans leur sachet orange. Coiffures de Frida, check up banane de David, Claude fait le guêt, petite amande petit abricot.
Il faudrait y aller alors nous y allons, mais en fait, c'était pas le bon moment parce que Tom Hero, celui qui va tout arranger pour que nous ayons du son, lui n'a toujours pas joué. En ligne sur un banc, en fond de scène nous sommes belles je me dis. Une fille m'accoste à la sortie des toilettes pour me demander si je ne suis pas Spock et dit "Wow awesome" lorsque je lui dit "yes, can I go to the toilet ?"

En piste ;
Animals (le son est le plus craspouille que le Vraoums ont connus mais Frida dira que ce n'est pas vrai, bref je n'entends rien et panique pour la suite)
Jim (un mec braille à côté en jouant de la guitare, j'ai envie de tout arrêter, de lui en coller une et de revenir sur scène)
Balls (public heureux, claque des mains, je crois qu'ils comprennent enfin les paroles)
la Consanguinité (... il va falloir s'habituer, c'est le chaos je me dis c'est underground, be good Vraoums go go) et puis Dalkon Shield
Le show arrive à sa fin mais se passe un must : Frida qui introduisait "Femmes" façon Fanny Ardant fait du story-telling se voit pousser par une petite chose rasée portant fagôt de bois dans les bras qui répète "move on, move on". Une fille forte vient s'écrouler devant moi et je pense à un mammifère marin. Je ris du bordel qui est en train de se passer sur scène, je me réjouis même de la gêne du public et de l'absurdité de la situation. Je pense alors que New-York est aussi libre et fou que ce que je voulais. Une fille déguisée en Janis Joplin me fait tirer sur un joint. On sort de scène, je ne me souviens plus si le public a applaudi. Les gens sont complétement emballés malgré le fagôt de bois et le coup de la baleine échouée, bien au contraire beaucoup viennent nous voir pour nous féliciter. Ils sont eux aussi heureux que nous soyons chez Bob Wilson. Lili nous dit qu'elle veut passer toute la journée du lendemain avec nous, et dans un rire lent, à sa douce façon, décapsule 4 de ses home-made bières à la citrouille.
Le public est parti vite mais restent les intimes, ils dansent tous ils sont tous danseurs. La musique est souple et chiante comme A Tribe Called Quest, pourtant normalement j'adore, c'est que je ne dois en fait pas adorer vraiment. Je répète en boucle "ouais, c'est le son east coast" alors que je n'y connais strictement rien. Frida dégaine l'ipod et nous voilà parties pour 3 heures de "cherchez le garçon", ce que ma foi moi, j'ai décidé de ne pas faire ce soir. Claude fait des tours autour de la salle en trottinant et je trouve ça cool à faire moi aussi, David est parti sur internet après nous avoir longuement observées dans un coin, Frida assure le rythme du dance-floor.
J'emmène Claude sur le toit de chez Lili. Au loin Manhattan, au nord le sombre Queens s'étale silencieux. Lili, Frida rappliquent. Est passé un marchand de sable sur Brooklyn, Jon nous a gentiment laissé sa chambre, des peignoirs, et comme oreiller un chat à trois pattes.

wednesday december 2nd - claude

Aujourd'hui c'est mercredi, c'est à mon tour, ça je le saurais un peu plus tard Claude doit parler aujourd'hui, et aujourd'hui je me souviens qu'il ne fait pas particulièrement beau, que c'est notre premier jour, notre premier rendez-vous.
Oui, quelqu'un disait que l'amour est partout... ah bon? peut être, non, ici c'est un "rendez-vous" avec l'accent français en français, et puis c'est le premier voyage de Frida la truckeuse, au volant, nous derrière, les poules on est contentes, on compatit. On ferme la maison, on est at home, et on rejoint notre autre at home.
Avant de fermer la maison, on s'est réveillées pleines de rêves oubliés et à venir, le nez dans le petit légume, je fais une soupe, oui, c'est ça, je prépare une soupe orange pour watermill. Alors nous fermons la porte, la clé sous la pierre, et on ouvre la bouche, devant le paysage de nuit dévoilé le jour. Il s'agit de s'installer.
Avec Sherry, c'est une équipe de femmes qui gère le matos, aujourd'hui. Les bureaux assemblés, on les démonte et on les bouge, un travail d'équipe, Sherry dira (je traduis) "c'est beaucoup plus efficace qu'avec une équipe de mec, où chacun donne son avis, parce que chacun a la meilleure solution". Nous on apprécie. David est obsédé par la chaise, ça le suivra un certain temps, et les vases Ming de douze mille ans d'âge, pardonnez ma mémoire imprécise, si c'est pas Ming, c'est un autre, c'est des autres plus vieux ou plus récents d'ici ou d'ailleurs, nos êtres archaïques, j'aime ça, alors on en laisse on en déplace, c'est plus ou moins lourd, voilà.
On fait du vide et on s'étale. On est bien loin du white cube, la baie vitrée nous ramène à fleur de rétine la forêt d'hiver, et son flot de lumière qui nous fait encore ouvrir la bouche, et absorber encore un peu d'air. L'impatience de la connection monte, connection, le net, le réseau, l'autre là-bas, et les autres, en face en raccourcit, alors on tape sur la machine et on lit en abrégé, on prend l'information, on est un peu ici un peu ailleurs un peu partout, et on regarde dans un souffle autour et on replonge dans la lumière un peu bleue et le son est installé et on étale notre plan vide et on vient y ajouter, on vient dire, annoncer nos plans, tout cela nous voulons : new folk, new freedom, new woman... excroissance

Frida lit une trentaine de pages tirées de la conférence d'un illustre bonhomme, il y a de cela quelques bonnes dizaines d'années, alors j'écoute inspirée, critique, retournant ma pensée, dérivant, comprenant, m'échappant, décomprenant, le folklore populaire, le folklore ouvrier, bourgeois, le savoir de la tradition, le mouvement dans le temps, dans le vivant de ces définitions, temporelles, complètement temporelles, décrivant une pensée d'un moment, un document.

Oui nous avons certainement mangé à un moment la soupe orange.
On a un concert, version courte vendredi, qu'est-ce qu'on fait, qu'est-ce qu'on a, on s'accorde : Animals, La Consanguinité, Jim, Dalkonshield, Balls, Femmes, quelques traductions, quelques discours... j'erre et la nuit est déjà tombée depuis longtemps, l'air est cotonneux depuis notre arrivée.
Dehors, les mythes du film américain continuent leurs actions, en terme de tension dramatique, le capitaine aime ça, il est tard, on rentre.

tuesday december 1rst - david

Salut, c'est David des Vraoums.
A y é, on y é.
On é arrivé chez Bob hier, on a été très bien reçu par Sherry, elle nous a fé visité le centre hier. J'ai un peu flippé à cause des chaises. Y'en a partout et tu peux pas t'asseoir dedans, enfin elle a dit en anglé, que c'était au jugé, que quand la chaise elle est toute frêle et qu'elle date de plusieurs siècles, c'est mieux que tu te touches pas, euh que tu te la touches pas, euh que tu la touches pas. J'é eu l'impression qu'elle cherché à pointé un implicit, comme si j'arriveré de moi-même à distinguer la chaise solide de la chaise fragile, et j'é eu l'impression qu'elle se trompé sur mon compte, qu'il y avé comme un malentendu avec ma réalité.
Rapport au fait que moi, je suis à la fois borderline et rebele et que les interdits je peux pas supporté, bin, ça m'a stressé. J'ai senti monté un truc irrépressible et sauvage en moi et que j'allais faire ce qui fallait pas. J'été très attiré par la chaise en Mikado, mais finalement, j'é bien fé et je me suis pas assis dedans. Y a aussi des vases ming, des balais de Java, plein des oeuvres d'art même dans les cabinets qui appelle les coups de coude intempestifs. Je me rappelle maintenant que bob, il aime beaucoup la culture et l'art. Et çé un sujet sur lequel on ne s'est jamais compris.
On a vu son lit mé on a pas pu se pieuter dedans.
Sûrement que dans le clip on le fera tous ensemble.
A nouillork, j'ai vachement pensé à Merce. Je voulé appelé Woody pour en parlé mé finalement je lé pas fé. Jé préféré resté avec le groupe, on a bu des KF chez connie avec des oeufs et du bacon, c'était trop bon. Jé beaucoup aimé le film d'Andy, le blue film au musée piesseouanne, y'avé un gars qui serré une fille, et il le fesé avec beaucoup de sensiblité, ça ma ému. Jé pensé à l'amour physique qu'il ne faut pas galvaudé et de sa représenation au cinéma, trop performative pour le coup. En vré, cé plus bête, mais cé aussi plus beau encore.
Sinon, on a dormi dans un squat alternatif à Brooklin, sympa, mais comment dire?... alternatif. Oué, y'avé des jeunes gens et des jeunes filles tré cool, mé y avé pas d'aspirateur. Et vraiment, ça manqué...
Avec le jetlag, on été fatigué.
Sinon, je conduis un super gros truck. Cé comme s'il avait été fé pour moi. J'é l'impression que mes démons se calment quand je suis au volant de mon gros truck, gé l'impression que je fais corps avec le gros truck. Mon body devient machine, et le gros truck est comme une excroissance complètement intégrée à mon schéma corporel. Cé cool.
Love
David dé Vraoums






cé moi et Andy